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Silent Voice : Critique du film de Naoko Yamada
2 mai 2019

Parce qu’il a pour protagoniste une malentendante devant communiquer de manière non-verbale, y avait-il plus cohérente adaptation animée que celle d’A Silent Voice, le fameux manga de Yoshitoki Ôima ? Et parce que celle-ci a été confiée à Kyoto Animation et Naoko Yamada, pouvait-on espérer une œuvre sublimant le matériau d’origine, dont je ne suis en plus pas vraiment fan, loin de là ? Ben ouais. C’est vachement bien.

Et comme le manga, le film de ne pas centrer son histoire sur le handicap de son héroïne, pas plus que sur la persécution dont elle a été victime enfant, mais bien sur ce qui la caractérise, elle comme les autres personnages : cette difficulté à communiquer et s’ouvrir aux autres. Si Shôko est malentendante mais souhaite partager ses émotions – elle est d’ailleurs la première à exprimer son amour, le récit lui oppose Shôya, un jeune garçon ayant bel et bien la capacité d’entendre mais qui se refuse à écouter le monde qui l’entoure.

critique a silent voice

On comprend très vite que Naoko Yamada se soit passionnée pour ce postulat, elle qui présentait dès K-On une faculté indéniable pour dépeindre l’énergie adolescente. Le très beau Tamako Love Story a par la suite constitué un prémisse idéal à A silent Voice, en ce qu’il s’intéressait déjà à la difficulté de dévoiler ses sentiments et de se confronter à ceux des autres. Reste que ce nouveau long-métrage s’étoffe de thématiques plus dures telles que la pression sociale ou la peur de la différence. Mais la réalisatrice s’empare de son sujet à bras-le-corps et a l’intelligence de ne pas se limiter à un copié-collé des cases du manga, à qui elle reprend certes les idées les plus évidentes mais dont elle réussit à s’éloigner de sa tendance aux beaux discours et aux dramas. L’approche de Yamada est avant tout visuelle : l’utilisation des fleurs, du flou, des reflets ou de la lumière confère au long-métrage une beauté absolue qui contraste avec la gravité des sujets à aborder. Harcèlement, handicap, solitude, mort ou suicide : difficile de taxer le film de larmoyant tant il affiche une sérénité visuelle qui réconforte et illumine ses personnages.

Les décadrages de Yamada expriment clairement l’incapacité des protagonistes à aller vers l’autre, quand des raccords-mouvements souligneront pourtant leur évidente proximité. L’utilisation des jambes comme manifestation des émotions est également une utilisation originale et sensible du langage cinématographique comme moyen de développer ses personnages. Si tous n’évoluent pas de manière flagrante au cours du récit, la mise en scène de Yamada se charge de leur offrir ce supplément d’âme absent du manga. L’utilisation de la musique est à l’avenant, de la chanson des Who caractérisant Shôya en début de film à l’utilisation de notes de piano évoquant le duo principal.

Du côté de l’animation, on est dans du KyoAni pur jus, extrêmement compétente et consciente du rôle à jouer dans une telle histoire. D’une scène d’agression tétanisante à la libération émotionnelle finale, en passant par le dialogue en langue des signes et autres petits gestes qui en disent long, A Silent Voice rend parfaitement justice à son médium.

critique a silent voice

Bref, du fait une mise en scène d’une extrême sensibilité et d’une adaptation gommant les défauts du manga, Naoko Yamada s’extirpe de l’ombre de Makoto Shinkai qui planait sur Tamako Love Story pour trouver sa propre voie. A Silent Voice est une franche réussite qui permet enfin à Kyoto Animation de se renouveler tout en offrant à la cinéaste la visibilité internationale qu’elle mérite. L’occasion de rappeler que la jeune femme n’avait à l’époque que 32 ans…

AnimeNaoko YamadaSilent Voice
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Guillaume Lasvigne
Créateur d'Anima sur YouTube, émission dans laquelle j'aime explorer les rapports entre les thématiques d'une oeuvre et les moyens de les traiter par la mise en scène.

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    Guillaume
    JehrosGuillaume@Jehros·
    jeudi février 27th, 2020

    Après Ori, Dead Cells ou encore Hollow Knight, Children of Morta rejoint la liste de ces titres indé m'ayant procuré les meilleures expériences de jeu ces dernières années. Gros coup de cœur pour ce roguelite aussi beau qu'exaltant.

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    JehrosGuillaume@Jehros·
    mercredi février 26th, 2020

    J'avais envie de jouir des yeux, du coup j'ai repris Windy Tales.

    4
    Reply on Twitter 1232731064650608646Retweet on Twitter 12327310646506086461Like on Twitter 123273106465060864611Twitter 1232731064650608646
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    arretsurimagesArrêt sur Images@arretsurimages·
    dimanche février 23rd, 2020

    La vengeance peut-elle porter un message féministe ? Comment peut-on montrer un viol ? Peut-on le faire sans complaisance ? Genre cinématographique, les films "rape and revenge" sont passés au crible par @RDjoumi et @DChedaleux dans #PostPop.
    https://t.co/EkRMg0py0m

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    JehrosGuillaume@Jehros·
    mercredi février 26th, 2020

    La sensibilité de Florence doit certes beaucoup à la superbe musique de Kevin Penkin (Made in Abyss, pour rappel), mais surtout à de belles idées traduisant par le gameplay tranches de vie et états émotionnels. Ça se termine en une quarantaine de minutes, donc allez-y gaiement !

    Reply on Twitter 1232598615408959488Retweet on Twitter 12325986154089594881Like on Twitter 123259861540895948810Twitter 1232598615408959488
    JehrosGuillaume@Jehros·
    mercredi février 26th, 2020

    L'influence écrasante de Firewatch et Shining n'est pas vraiment favorable à The suicide of Rachel Foster, plus prévisible et moins ambiguë dans son écriture qu'il ne semble vouloir l'être. Reste de jolis moments de flippe qui rendent l'aventure appréciable, à défaut de mieux.

    Reply on Twitter 1232580965588967424Retweet on Twitter 12325809655889674242Like on Twitter 12325809655889674242Twitter 1232580965588967424



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