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La passion Van Gogh : Critique du film de Dorota Kobiela et Hugh Welchman
2 mai 2019

Sept ans de travail, quatre millions et demi d’euros de budget, une campagne Kickstarter qui a rassemblé 796 contributeurs, un scénario basé sur 800 lettres écrites par Van Gogh et mis en images grâce à 66 960 plans peints à la main, dix jours pour peindre une seule seconde de film… La Passion Van Gogh est une véritable prouesse technique et artistique qui impose un respect immédiat. Mais si sa seule conception s’avère fascinante, c’est bien parce qu’elle nous invite à pénétrer l’âme de l’un des plus grands artistes de tous les temps.

Comme le précisera son générique de fin, Van Gogh souhaitait que l’on comprenne qu’il ressentait les choses avec une profonde tristesse. La réussite du film tient dans cette capacité à le restituer comme une figure insaisissable, torturée, contradictoire et énigmatique. Bref, « un homme en lutte contre lui-même et conscient de son art », comme Vincente Minnelli s’était passionné à le décrire dans son film dédié au peintre en 1956. Mais plus que ce dernier, La Passion Van Gogh évoque surtout les démarches de Milos Forman ou de Joann Sfar dans leur volonté de s’émanciper de la réalité pour mieux nous faire pénétrer l’âme de l’artiste, tenter d’appréhender ses tourments pour le faire revivre à travers son art. Loin de la forme classique d’un biopic, d’autant que le scénario s’intéresse essentiellement aux derniers jours de Van Gogh, le postulat et la structure du film évoquent également rien de moins que Citizen Kane, dans cette histoire d’un homme qui va découvrir l’intimité du peintre au fur et à mesure de ses rencontres avec ceux qui l’ont côtoyé. La comparaison s’arrête là, le long-métrage n’ayant pas vraiment vocation à approcher le génie visuel du monument d’Orson Welles. Il faut dire qu’avec son scénario construit de manière à pouvoir reproduire un maximum de tableaux du maître, bien aidé en cela par le format 1.33 permettant de restituer la verticalité de plusieurs d’entre eux, Dorota Kobiela et Hugh Welchman semblent limiter leurs idées visuelles à leur ambitieux concept. Bien sûr, le film offre une radicalité et une personnalité esthétiques bienvenue à l’aune du tout-venant qui rechigne à s’aventurer vers de nouveaux horizons ; et son prix du public reçu à Annecy est en cela réjouissant. Mais il demeure cette impression d’un exercice de style compilatoire, extrêmement respectueux de son sujet. En témoignent les flash-backs voulus en noir et blanc car ne se basant généralement pas sur des peintures préexistantes et une mise en scène limitée par le choix des tableaux.

La passion van gogh critique La passion van gogh critique

Qu’à cela ne tienne, l’intégrité artistique de La Passion Van Gogh fait merveille par ailleurs. Son choix d’un style impressionniste, donc reflet d’un point de vue, est idéal dans le cadre d’un récit qui confronte ceux de plusieurs individus autour d’un même sujet. Parce qu’il laisse le personnage de Van Gogh à distance tout en nous faisant pénétrer son art, le film crée une fascination pour l’artiste qui contamine jusqu’aux protagonistes, dont les souvenirs arborent le style si caractéristique du peintre. Le choix d’acteurs pour les incarner, s’il surprend d’abord par la fluidité imprimée à l’écran, se montre idéal pour restituer les émotions humaines que le hollandais cherchait à transposer sur ses toiles.

La passion van gogh critique

Bref, en parlant plus de l’artiste que de l’homme, de la représentation plus que de la réalité, La Passion Van Gogh ne passe pas loin de l’expérience sensorielle. Le très beau score de Clint Mansell aidant, il reste au moins un tour de force aussi passionnant qu’émouvant.

Animation britanniqueAnimation polonaiseDorota KobielaHugh WelchmanLa passion Van Gogh
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Guillaume Lasvigne
Créateur d'Anima sur YouTube, émission dans laquelle j'aime explorer les rapports entre les thématiques d'une oeuvre et les moyens de les traiter par la mise en scène.

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    Guillaume
    JehrosGuillaume@Jehros·
    jeudi février 27th, 2020

    Après Ori, Dead Cells ou encore Hollow Knight, Children of Morta rejoint la liste de ces titres indé m'ayant procuré les meilleures expériences de jeu ces dernières années. Gros coup de cœur pour ce roguelite aussi beau qu'exaltant.

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    JehrosGuillaume@Jehros·
    mercredi février 26th, 2020

    J'avais envie de jouir des yeux, du coup j'ai repris Windy Tales.

    4
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    arretsurimagesArrêt sur Images@arretsurimages·
    dimanche février 23rd, 2020

    La vengeance peut-elle porter un message féministe ? Comment peut-on montrer un viol ? Peut-on le faire sans complaisance ? Genre cinématographique, les films "rape and revenge" sont passés au crible par @RDjoumi et @DChedaleux dans #PostPop.
    https://t.co/EkRMg0py0m

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    JehrosGuillaume@Jehros·
    mercredi février 26th, 2020

    La sensibilité de Florence doit certes beaucoup à la superbe musique de Kevin Penkin (Made in Abyss, pour rappel), mais surtout à de belles idées traduisant par le gameplay tranches de vie et états émotionnels. Ça se termine en une quarantaine de minutes, donc allez-y gaiement !

    Reply on Twitter 1232598615408959488Retweet on Twitter 12325986154089594881Like on Twitter 123259861540895948810Twitter 1232598615408959488
    JehrosGuillaume@Jehros·
    mercredi février 26th, 2020

    L'influence écrasante de Firewatch et Shining n'est pas vraiment favorable à The suicide of Rachel Foster, plus prévisible et moins ambiguë dans son écriture qu'il ne semble vouloir l'être. Reste de jolis moments de flippe qui rendent l'aventure appréciable, à défaut de mieux.

    Reply on Twitter 1232580965588967424Retweet on Twitter 12325809655889674242Like on Twitter 12325809655889674242Twitter 1232580965588967424



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